Du Chamanisme au Techno-chamanisme

Qu’est ce que le Techno-Chamanisme ?

L’émerveillement qu’ont pu produire les inventions technologiques, laisse aujourd’hui place à une forme de banalité consumériste et à un désenchantement. Cependant, le techno-chamanisme reste un mouvement qui imprègne tout l’univers d’Internet et du web, rejetant toute opposition dualiste entre Nature et Technologie. Il est inspiré par le New Age et par les chants musicaux électroniques comme la « tribe » qui peuvent introduire à la transe.

 » CyberZone  » Séries de Magazine branchés Cyberculture & technologie, parlant pour la première fois du techno-chamanisme lors d’un article.

Ainsi nous pouvons comprendre que suite au développement technologique, une limitation à la vision cartésienne éclipserait toute forme de sensibilité ésotérique : d’où la nécessité de créer une alternative futuriste qui accepte et coexiste avec la pensée spirituelle. 

 » Selon Mark Dery, observateur de la cyberculture et auteur de Vitesse Virtuelle, le techno-chamanisme incarne « la culture parallèle, modeste mais vitale, des savants de l’informatique qui ont un pied dans la technosphère naissante et l’autre dans le monde fou du paganisme ». « 

 » Le techno-chamanisme témoigne du besoin universel de laisser une place au divin dans une société devenue de plus en plus scientifique et technologique. « Depuis le Siècle des Lumières, la raison instrumentale, armée de la méthode scientifique, a systématiquement démantelé la conception spirituelle du monde, à quoi elle a substitué la cosmologie de la science. Cernés par le rationalisme et le matérialisme, ceux qui pleurent la perte du sacré et se sentent démunis sans lui, ont adopté consciemment ou non, une stratégie curieuse, qui est de justifier leurs croyances en termes scientifiques », comme nous pouvons le lire dans l’un des chapitres du livre de Mark Dery, intitulé Deus Ex Machina – Techno-paganisme. 

Le techno-chamanisme, par ses croyances new-age, se raccorde avec la contre-culture psychédélique des années 60 et celle informatique, virtuelle et cyberdélique des années 90. Comme le courant new age, le néo paganisme qui lui donna naissance, est entré dans la culture occidentale des sixties par la mode du mysticisme oriental et de l’occultisme (astrologie, tarot, Yi-king et magie).  » Des extraits clés de l’article de Maxence Grucier « Techno-chamanisme & Cyber-primitifs » 1996-2008, une référence mettant le doigt sur des temporalités et courants théoriques.

Le collectif Deletere

C’est une association qui produit et diffuse des œuvres et des performances multimédia questionnant le public sur sa relation aux Machines.

Adelin Schweitzer en est le fondateur à Marseille en 2013.

 » Deletere affirme un point de vue critique sur le numérique, matière dure et obscure, et le converti en médium d’expression artistique et en objet de poésie. En réponse à la colonisation massive de nos vies et nos corps par le numérique, les artistes du collectif donnent naissance à des îlots de résistance, produisant un art expérientiel qui explore les états modifiés de la conscience. Le collectif entend ainsi offrir à tous-tes des alternatives à contre-courant des grandes tendances actuelles au consumérisme culturel et au divertissement de masse. « 

Avant tout, c’est un laboratoire émulateur de création, mis à la disposition d’artistes. Il est implanté depuis 2017 au cœur de la Belle de Mai, au sein du tiers-lieu Le Couvent. 

L’association soutient à ce jour trois artistes :

  • Adelin Schweitzer – Artiste pluridisciplinaire
  • NAO – Artiste performeur
  • Gaëtan Parseihian – Chercheur en acoustique et compositeur

#AlphaLoop

C’est un projet qui aborde la thématique du sacré par le prisme de la pratique imaginée du techno-chamanisme, celle-ci affirmant qu’il n’y a pas d’opposition dualiste entre Nature et Technologie, pas de différence structurelle entre les ordinateurs et les autres manifestations «naturelles» de la réalité.

Il s’inspire librement des théories développées par Timothy Leary sur le chamanisme cybernétique et s’articule autour d’un voyage de recherche sur les mythes et les cultures du Nord du Québec. Cette excursion réalisé en Abitibi entre août et septembre 2018 est venu renforcer l’écriture dramaturgique de l’œuvre qui pose un regard critique et singulier sur les technologies de la Réalité Étendue (XR), l’idéologie de l’innovation et la spiritualité.

L’expérience performative se met en place in situ. Lui (Fred Séchet) le Méta (Adelin Schweitzer) un duo incontournable pour une expérience immersive à l’intérieur de soi. 

Explorer la possibilité d’un multivers une coexistence en symbiose.

Crossed Lab – Arts & Cultures Hybrides

Nous sommes invités à se laisser guider par le chaman moderne (Lui), et à appréhender le réel transfiguré. Le Meta, une « entité » épaulant le chaman, traduit les données des machines à destination des participants. Adelin Schweitzer, muni d’un téléphone, intervient dans la perception des spectateurs équipés d’un casque VR. Nous déambulons ainsi dans l’espace public, mais transportés dans un multivers où la nature est conjointe à la technologie.

Nos sens sont désorientés, immergés dans une nouvelle forme de perception : invités à apprendre de nouveau à marcher et à appréhender ces espaces troublés par la méta, mais aussi guidés par le chaman. Nous sommes comme sous l’effet de psychotropes prenant source à l’essayiste Timothy Leary. Une théâtralité assumée dans le processus captivant les individus. Prise de potion “magique” au début de la performance, une ritualisation, un protocole emprunté aux pratiques occultes, offrant une crédibilité.

Ainsi nous expérimentons la vision du chaman lors de la transe. Pourtant, la dimension spirituelle de l’œuvre n’est qu’un contexte et prétexte pour mettre en abîme la réalité augmentée, l’humain augmenté, problématiser son impact sur notre futur. 

Adelin Schweitzer et #ALPHALOOP – Laboratoire modulaire

Les Sources

Références

Images

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