Street Art et numérique : entre interventionnisme 2.0 et contre-culture

Origine du Street Art et du graffiti

En remettant dans le contexte actuel, que ce soit sous forme d’expositions en galerie ou à ciel ouvert, de ventes aux enchères ou de répression pour vandalisme, «il ne se passe pas une semaine sans que les médias ne relatent un événement lié aux arts urbains.» [Graffiti, Street Art, Muralisme … et si on arrêtait de tout mélanger ?], notamment depuis le succès de Banksy.

Pour comprendre l’origine du Street Art, il faut remonter à l’apparition du graffiti. Ce dernier prend son essor avec l’arrivée de la bombe aérosol, dans les années 60 et «procure à la jeunesse désabusée des années 70 et 80 un outil particulièrement efficace pour laisser des inscriptions sur les murs de nos rues ordinaires, considérées jusque-là comme des non-lieux d’art.» [Ibid.].

«Les premiers adeptes [,anarchistes en général,] du graffiti à la bombe aérosol inventent une culture à part entière et la qualité perçue de leurs interventions repose d’abord sur la bravoure. La performance est liée à une forme de transgression et de provocation dans l’espace public, et la finesse de leur calligraphie est poussée à l’extrême, jusqu’au cryptage.
[…] Leur but est de plaire à leur groupe de référence, et de déplaire au corps social qu’ils entendent provoquer. Une logique tribale les conduit à l’appropriation de l’espace public, sorte de réponse à l’urbanisation galopante, et à une société en mutation rapide dont ils se sentent exclus.»
[Ibid.]

La particularité de leur marquage accentue aussi la «désapprobation générale» puisqu’il consiste avant tout à l’apposition de pseudonymes en répétition et dont le sens ne peut être compris que par ces adeptes.

«Ces premières générations, à quelques exceptions près, n’entendent pas faire commerce de leur art, strictement lié à la contestation sociale et la performance artistique physique. Ils interviennent sans autorisation, pour la «beauté du geste», sans souci de reconnaissance sociale, bien au contraire.
Il s’agit d’un style de vie pour une génération désintéressée qui cherche à se réapproprier l’espace public et remet en cause la propriété privée. L’art de cette première génération graffiti est rapidement qualifié par le public et les autorités de «vandalisme», pour ses dégradations et sa dévalorisation du bien public.»
[Ibid.]

Cependant l’opinion médiatique va radicalement changer vers les années 2000, époque où l’ordinateur et Internet font leur apparition. En effet, ces innovations technologiques vont ouvrir de nouveaux champs aux artistes.
Dans le cas d’Internet c’est l’ouverture de «l’hypermédiatisation» aux jeunes artistes, «c’est-à-dire la possibilité de court-circuiter les médiateurs habituels de l’art : journalistes, critiques, curateurs et galeristes. Ils investissent ce nouveau «non-lieu» d’art qu’est Internet.»[Ibid.]

Et c’est ainsi que naquit le Street Art : de cette «volonté de faire des graffitis pour un public plus large». Et parmi les trois facteurs qui ont tendance à définir ce qu’est le Street Art, entre l’intention et la légalité, le public en fait partie.[Street Art : comment un mouvement est passé du graffiti au monde l’art]

Christian Gerini, «Le street art, entre institutionnalisation et altérité»

Christian Gerini est agrégé de mathématiques et maître de conférences en philosophie et épistémologie à l’université de Toulon. Depuis plus de trente ans, il photographie les œuvres du mouvement Street Art, étant lui-même à la fois passionné d’art et artiste.

«[…] l’importance prise par Internet et la vitrine qu’il offre pour des individus qui démultiplient leur visibilité dans l’espoir d’une reconnaissance, et donc d’une possible valorisation et marchandisation de leurs œuvres. Ce changement dans les moyens de communication a eu, les spécialistes du street art s’accordent là-dessus, une influence pas nécessairement heureuse sur la spontanéité et la gratuité du geste qui jusqu’à la fin des années 1990 donnait son sens spécifique à l’art urbain illégal et souvent qualifié de vandalisme.»

Christian Gerini, Le street art, entre institutionnalisation et altérité, dans Hermes, La Revue, 2015/2 (n°72), page 110

À partir de cet extrait, trois différents artistes et leur œuvre seront présentés puis confrontés à la critique de Gerini.

PBoy et son œuvre : «Papa, c’est quoi l’argent ?»

PBoy, « Papa, c’est quoi l’argent ? », fresque murale, peinture acrylique aérosol, pochoir, NFT, 2018

La première œuvre «Papa, c’est quoi l’argent ?» a été réalisée par l’artiste PBoy. De son vrai nom Pascal Boyart, c’est un artiste peintre français qui a débuté en tant que graffeur avant de se spécialiser un peu plus dans la fresque monumentale, avec un style proche du pointillisme et mettant en avant l’expression du visage et du regard.[PBoy | Pascal Boyart]

«Papa, c’est quoi l’argent ?» est une fresque murale réalisée sans autorisation à Paris en 2018. Au premier abord cette œuvre ne semble pas avoir de particularités hormis son style pointilliste, pourtant sur le côté droit de la fresque, on aperçoit un QR Code réalisé avec un pochoir et avec en titre «Dons en Bitcoin». Fonctionnel ce QR Code permet d’envoyer des dons à l’artiste en Bitcoin, une monnaie virtuelle, du moment que l’on est muni d’un smartphone et d’un compte de cryptomonnaie pour transférer directement l’argent.
Aussi, depuis Août 2019, la fresque a été «tokenisée» en NFT («Non Fongible Token» traduit en «Jeton Non Fongible»), c’est-à-dire qu’elle est devenue un «objet numérique» unique et durable, donnant ainsi une seconde vie à cette œuvre éphémère.

De ce fait, PBoy est considéré comme «le premier peintre muraliste à avoir proposé les dons en Bitcoin grâce à un QR code apposé à ses œuvres. Il est aussi le premier à avoir transformé ses fresques murales en jetons de collection numérique, dits ‘’NFTs’’».[Ibid.]

PBoy et l’extrait de l’article de Gerini ?

En mettant en lien avec l’extrait de Gerini on remarque les parallèles dès la première phrase :

«[…] l’importance prise par Internet et la vitrine qu’il offre pour des individus qui démultiplient leur visibilité dans l’espoir d’une reconnaissance, et donc d’une possible valorisation et marchandisation de leurs œuvres.»

Qu’est ce que l’on remarque dans l’œuvre de PBoy ? Que c’est une fresque, réalisée dans l’illégalité, mais cela n’a pas empêché l’artiste de la valoriser sous forme de dons de cryptomonnaie, ni de lui donner une existence numérique sous forme d’œuvre authentique et qui – vu que maintenant elle est inscrite dans l’environnement numérique – va s’inscrire aussi dans le temps et la durée, ce qui est là aussi paradoxal.

Les deux autres œuvres qui suivent ont un fonctionnement différent de celui de PBoy, elles seront donc présentées à la suite avant de d’être confrontées à l’extrait de Gerini.

INSA et son œuvre : la série des «GIF-ITIs»

INSA, Série «GIF-ITIs», peinture acrylique aérosol, série photographique, GIF en stop motion, 2010-

Les «GIF-ITIs» de l’artiste graffeur anglais INSA est une série de graffitis photographiés en stop motion pour donner une image animée à la manière des GIFs. Très utilisées sur la toile, les GIFs sont des images animées qui forment une vidéo de quelques secondes et tournant en boucle. Dans le processus de création d’un GIF-ITI, l’artiste photographie l’avancée du graff, le retravaille pour ensuite réunir les images de chaque étape et en faire un GIF partagé sur le Web.

Ainsi, INSA propose de prendre le contre-pied d’un point souvent abordé dans l’art urbain : le caractère éphémère de l’intervention qui disparaît dans ses œuvres sauvegardées, disponibles et utilisables à l’infini sur la toile.

Aussi, l’artiste ne s’arrête pas là et propose à travers l’application – dont il en est le créateur – «GIF-ITI Viewer App» – de voir ses œuvres en réel et les voir s’animer en réalité augmentée depuis le smartphone.

Blu et son œuvre : «Muto»

Blu, «Muto», peintures murales, court-métrage en stop motion, 7m26s, 2008

Blu est un graffeur et vidéaste italien né dans les années 80 et est notamment connu pour son œuvre vidéographique «Muto».

«Muto» est un court-métrage de l’artiste Blu réalisé à partir de photographies de ses différentes peintures murales. Assemblé image par image, «Muto» raconte une étrange histoire entre ces interventions qui semblent, au fur et à mesure de l’animation, se déplacer à travers les murs, trottoirs et autres surfaces des villes.

D’abord une seule peinture blanche aux contours noirs, Blu les repeint, les recouvre de blanc pour leurs donner une impression de mouvement. À chacune de ses modifications, une photographie est prise pour saisir cet instant, avant de disparaître à son tour pour une autre retouche faite par l’artiste. Ainsi, là où un spectateur face à ces surfaces n’y verrait qu’une longue trace de peinture blanche, le vidéo-montage lui permet de suivre les retouches de l’artiste, ce qu’elles sont devenues ou vont devenir et ce qu’elles racontent.

INSA / Blu et l’extrait de Gerini ?

Par rapport donc à ces deux œuvres citées, on voit une autre version du Street Art influencé par le numérique et qui pourrait prendre un peu le contre-pied de l’extrait de Christian Gerini notamment :

«Ce changement dans les moyens de communication a eu, les spécialistes du street art s’accordent là-dessus, une influence pas nécessairement heureuse sur la spontanéité et la gratuité du geste qui jusqu’à la fin des années 1990 donnait son sens spécifique à l’art urbain illégal et souvent qualifié de vandalisme.»

Dans le sens où ces artistes intègrent le numérique directement dans leur œuvre et qu’elles ont besoin du numérique pour exister complètement, que ce soit sous forme de stop motion ou en reprenant les codes de la culture internet.

On pourrait ainsi en conclure que le Street Art sous l’influence du numérique est divisé un peu en deux catégories entre une contre-culture du mouvement en lui-même et de ses principes, et de l’autre l’avènement d’une nouvelle forme d’intervention urbaine.

Corps de femmes et Computer Grrls : Pression de normalisation dans un paysage technologique de plus en plus uniformisé ?

Affiche de l’exposition « Computer Grrrls », 2019

En mars 2019, la Gaité lyrique qui est depuis 2010 un Centre d’Arts Numérique et de Musique électronique situé à Paris a présenté l’exposition Computer Grrrls, co produite avec le Hartware Medien KunstVerein de Dortmund en Allemagne, qui se consacre à l’Art Médiatique Contemporain. 

L’exposition Computer Grrrls regroupe vingt-huit oeuvres de vingt-trois artistes et collectifs contemporains différents qui revisitent l’histoire des femmes et des machines et esquissent des scénarios pour un futur plus inclusif, dans le monde de l’informatique. À travers le regard de ces artistes, l’exposition aborde une série élargie de sujets comme la place des minorités sur Internet, les dangers d’une intelligence artificielle confiée aux hommes blancs, ou le sexisme d’internet, et propose des pistes pour changer nos regards. Les oeuvres présentées sont polymorphes : vidéo, installations, réalité virtuelle, modélisation et impression 3D, dessins… Cette pluralité des médiums et des approches permet d’approfondir des réflexions sur les stéréotypes masculin / féminin et sur le corps, naturel ou artificiel sur Internet. Ces oeuvres établissent des connexions entre notre époque et celle des débuts de l’informatique et nous invite surtout à découvrir ou à redécouvrir, la place considérable que les femmes tenaient dans l’informatique durant les années 1960. 

Un article du magazine féminin Cosmopolitan de 1967 témoigne de cette importance et présente le secteur de l’informatique comme favorable pour les femmes. Le titre de l’exposition Computer Grrrls fait référence à cet article ainsi qu’au Riot Grrrls, un mouvement féministe du début des années 90 qui militait pour la présence des femmes sur la scène punk américaine. 

L’exposition met également en avant plusieurs chiffres qui donnent le tournis. En 1986, 37% des étudiants en sciences de l’informatique étaient de sexe féminin. Dans les années 1950, les femmes représentaient entre 30 et 50% des effectifs. Et aujourd’hui, d’après une enquête menée par le magazine Wired, seuls 12% des leaders dans le domaine du machine learning sont des femmes.

Erica Scourti, ​Body Scan 2014, installation à HeK Basel, Suisse

Parmi ces installations, Erica Scourti nous présente sa vidéo « Body Scan » de 2014 qui mêle les nouvelles technologies à la représentation du corps de la femme et nous fait nous interroger sur les types d’images du corps de la femme que nous renvoie internet. Le titre de l’oeuvre « Body Scan » évoque les systèmes de reconnaissance par biométrie. 

Dans cette vidéo, c’est comme si l’artiste menait l’enquête puisqu’elle confie des photographies de son propre corps (qu’elle a photographié avec son iPhone) à une application chargée de créer des liens avec d’autres contenus disponibles sur le web. Erica Scourti s’intéresses aux effets corporels de la connexion constante à la technologie, à la capture d’écran, à la fois en tant qu’enregistrement et en tant que résultat d’un geste incarné et ressenti qui nécessite une coordination physique main-oeil. L’artiste commente ses recherches en voix off et nous montre les résultats qui donnent des associations parfois absurdes, comme une photo de sa bouche connectée à une photo de Christina Aguilera ou encore, son corps comparé à tous ceux disponibles sur Internet. Chaque aspect de son physique se fait analyser, scanner par des algorithmes et Internet propose de manière récurrente des façons d’améliorer d’une façon ou d’une autre des parties de son corps. Ces résultats révèlent la pression de normalisation exercée sur le corps des femmes. 

In fine, Computer Grrrls intrigue, surprend, dérange et suscite de nombreuses interrogations sur le monde numérique et le chemin que les femmes et minorités ont toujours tenté de s’y frayer. Ces artistes, femmes, sont directement concernées par le regard qu’elle portent sur la place des femmes dans l’informatique et son histoire. Alors… Ordinateur ou ordinatrice ? 

Du Light Painting pour visualiser les ondes Wi-Fi. IMMATERIALS

%d1%81%d0%bd%d0%b8%d0%bc%d0%be%d0%ba-%d1%8d%d0%ba%d1%80%d0%b0%d0%bd%d0%b0-2016-10-13-%d0%b2-22-18-40

Chaque jour, chacun d’entre nous est confronté à des multitudes d’ondes, radios ou wi-fi, sans même s’en apercevoir. Et si la photographie pouvait nous aider à visualiser ces ondes et nous faire prendre conscience de leur présence au quotidien ?

Le mois de décembre à Oslo est sombre, c’est un mois idéal pour le light painting. Pendant quelques semaines de marche, de mesure et de photographies, Timo Arnall, Jorn Knutsen et Einar Sneve Martinussen, ont visualisé un certain nombre de réseaux à Oslo. Les visualisations illustrent le terrain invisible des réseaux WiFi dans les environnements urbains. Ils ont résumé ce phénomène comme « Immatériel ».

Avec une barre de 4 mètres de long sur laquelle ils ont soudé 80 LEDs et un système de détection du RSSI (Received Signal Strength Indication) d’un réseau WiFi, les artistes peuvent illuminer un certain nombre de LEDs en fonction de l’intensité du signal et créer une représentation visuelle du réseau WiFi pour un lieu donné. 

5482012564_22cbeff30e_b

5481031917_b845dcd559_b

La tige de mesure est inspirée par les moyens que les géomètres-experts utilisent pour cartographier et décrire le paysage physique.

La radio et la communication sans fil sont des éléments fondamentaux de la construction des villes en réseau. Elles représentent un «terrain électromagnétique» qui est à la fois complexe et invisible, et dont leur présence est seulement suggérée par la présence d’antennes.

Immaterials: Light painting WiFi from Timo on Vimeo.

Ces peintures lumineuses montrent que les réseaux WiFi locaux, informels et fragmentés constituent une infrastructure urbaine très évoluée, en grande partie inaccessible et qui est principalement créée par ses utilisateurs. Les visualisations montrent le WiFi comme une partie du paysage urbain, et révèlent comment les espaces urbains peuvent être utilisés.

La visualisation des réseaux WIFI  illustre la manière invisible, immatérielle, intangible dont les technologies nous entourent et participent du discours de la ville.

Le lien pour accéder aux autres photos du projet :

https://www.flickr.com/photos/timo/sets/72157626020532597

———

Article rédigé par Tatiana Krasilnikova

Bioart : transformations du vivant

Bioart : transformations du vivant« Bioart : transformations du vivant » est un ouvrage collectif qui rassemble des écrits divers autour du sujet sur les biotechnologies, le bioart et les biosystèmes artificiels. Il s’agit des problématiques et des pratiques comme la culture de tissu humain, la manipulation génétique, le traitement de l’image et les codes ADN.

Grâce à la progression des nouvelles technologies, on obtient plus de possibilités pour explorer ce monde, la relation entre l’humain, les autres êtres vivants et l’environnement. Le XXIe siècle, c’est une époque où on rencontre plein de problèmes environnementaux, comme la disparition des espèces s’accélère, le réchauffement climatique et la pollution répandue dans l’écosystème…etc. L’homme développe les cités, l’économie et les technologies pour améliorer la vie, pourtant, ces dernières années, on trouve que la planète nous répond de plus en plus de catastrophes naturelles. Quand on développe ou exploite les cités, y a t-il des solutions pour obtenir l’équilibre de l’écologie ? L’homme a-t-il toujours le pouvoir pour contrôler l’environnement ? Le développe de la technologie est-il toujours le point négatif pour la nature ?

Par ces questions dessus, je vous présente ainsi des études intéressantes au sein de cet livre, comme les articles « Quelques cultures de bioart sous le microscope », « La conscience écologique par la recherche biologique en art » et « Ani-mots dans l’art biotech’ : Déconstruire l’anthropocentrisme ».

« Infogène » et « gène de l’artiste »

Grâce à la progression des techniques sur la biologie, les biologistes et les artistes possèdent ainsi des techniques à intégrer des informations dans les gènes ou modifier l’ordre des gènes pour créer la nouvelle forme de la vie. Face aux développements de la biotechnologie, on perçoit aussi souvent des sentiments d’incrédulité et d’appréhension. Dans l’article « Quelques cultures de bioart sous le microscope » (p. 1-13), Ernestine DAUBNER prend deux œuvres « Microvenus » et « Genesis » pour exemple, à travers ces œuvres, on voit ainsi comment l’homme intervient la nature de la vie.

MicrovenusEn 1986, Joe Davis a créé une œuvre bioart pionnière « Microvenus ». L’idée principale de cette œuvre est la création d’une nouvelle séquence d’ADN. Il a traduit des codes culturels (l’icône visuelle sur la forme comme « Y », des organes génitaux qui représente Vénus) en le code numérique binaire, ensuite, il l’a transformé en le code binaire génétique pour créer la nouvelle séquence d’ADN. Dans cette nouvelle séquence d’ADN, elle contenait le code de Vénus et a été implantée dans la bactérie E. coli. Par la suite, la molécule synthétique s’est multipliée à des milliards d’exemplaires, chacun portant une instance distincte de l’icône Microvenus. Il a appelé que cela est un « infogène », c’est à dire que « un gène dont le sens doit être traduit par le mécanisme des êtres humains et non en protéines, par le mécanisme des cellules ». Joe Davis a démontré que c’était un projet qui cherchait la façon illustrée, comment l’ADN pourrait contenir des informations culturelles et des sens non biologique. C’est un projet qui a été composé des codes culturels, des codes binaires numériques et des paires de bases d’ADN, et mis en lien entre la génétique et les technologies de l’information.

En 1999, Eduardo Kac a exposé l’installation « Genesis », c’est aussi un projet qui était basée sue le même principe. Il a affirmé que «Genesis est une œuvre d’art transgénique qui explore les relations complexes entre la biologie, les systèmes de croyances, les technologies de l’information, les interactions dialogiques, l’éthique et l’Internet ». Par rapport au « infogène », Eduardo Kac a appellé que cette fusion des codes culturels, biologiques et numériques était le « gène de l’artiste ». « Genesis » est une œuvre qui a été intégrée une phrase traduite de la Genèse (1: 26) : « [Que l’homme] domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. ». Dans l’exposition, cette phrase a aussi été projetée sur le mur de la galerie. Dans ce projet, cette phrase a été traduite en code Morse (les points et les traits). Ce code sert ainsi de modèle binaire qui est ensuite converti dans l’alphabet génétique des paires de bases ACGT, les points sont remplacés par la base génétique cytosine C, les tirets par la thymine T et ainsi de suite.

Genesis

À travers des artistes comme Joe Davis et Eduardo Kac, ils nous donnent d’autres perspectives pour envisager « la vie » ou « les matériaux de la vie », comment la base de vie qui porterait des informations ou la culture humaine. En biologie, l’évolution est la transformation des espèces vivantes qui se manifeste par des changements de leurs caractères génétiques au cours des générations, c’est un processus naturel, les espèces qui sont nés ou conçus pour s’adapter à leurs environnements. Néanmoins, par ces exemples, les artistes nous montrent une forme de la vie artificielle. Grâce à la technologie, l’humain arrive à intervenir dans la création de la vie. La modification de la forme de la vie, d’une part, on pourrait en profiter à aider aux malades ou à réparer des corps invalides. D’autre part, on produirait peut-être des catastrophes pour nous menacer, comme les doutes sur l’aliment génétiquement modifié. L’homme a-t-il le pouvoir à changer ou modifier les règles sur la création de la vie ?

La pollution ?

Ces dernières années, il y a de plus en plus d’espèces qui sont disparus, de plus, la vitesse de disparition est également de plus en plus rapide. On trouve aussi beaucoup de changements anormaux autour de notre environnement. Comme la difformité des pattes des amphibiens en Amérique du Nord, ce problème venait sans doute de la pollution. Par conséquent, on considère habituellement les phénomènes étranges de la nature comme la conséquence de la pollution. Néanmoins, dans l’article « La conscience écologique par la recherche biologique en art », Brandon BALLENGÉE nous présente les études sur les difformités des amphibiens à Minnesota, ce genre de problème est toujours le crime de l’homme ?

grenouilles difformes

En 1995, un groupe d’élèves du Minnesota a trouvé plusieurs grenouilles difformes, quelques-uns avaient les pattes postérieures déformées, d’autres en étaient totalement dépourvus. Cette anomalie remarquable des animaux a attiré tout de suite beaucoup d’attentions, leur enseignant a contacté l’Agence de contrôle de la pollution du Minnesota, la couverture médiatique a présenté que la cause de ces difformités serait un polluant chimique inconnu.

têtard blessé nymphes de libellule et têtard blessé

Peu après, des organismes concernés et les chercheurs ont enquêté sur les grenouilles difformes. Ensuite, plusieurs hypothèses ont été lancées, comme la pollution chimique, les rayons UV-B, les parasites et la prédation, ainsi que les diverses combinaisons possibles de ces causes. Certains chercheurs ont pensé que ces malformations des grenouilles sauvages étaient intrinsèques (comme les anomalies congénitales) et provoquées directement par les polluants chimiques ou les rayons UV-B. Pourtant, d’autres chercheurs nous ont montré des éléments probants des études, les jeunes grenouilles sauvages avaient été blessé à l’état de têtard par des parasites et des prédateurs, voire par le cannibalisme d’autres têtards. À l’été 2008, la première publication de preuves expérimentales convaincantes a été publiée, les membres manquants des amphibiens difformes pourraient être provoqués par les nymphes de libellule.

malformations des grenouilles-01 malformations des grenouilles-02

D’après ces études des malformations des grenouilles, une série de photographies numériques et la série sculpturale Styx ont été exposées. Les photographies étaient numérisées à haute résolution, et créées en modifiant chimiquement les spécimens anormaux par le procédé claire et coloré. Dans l’exposition, la taille d’image des spécimens était approximativement un enfant pour provoquer l’empathie du spectateur.

styx-01

styx-02À travers ces études, elles nous rappellent à la planète qui est assez complexe. Bien entendu, l’homme produit déjà trop de problèmes de la pollution, mais, des anomalies de la nature viennent peut-être de la compétition des espèces. Des phénomènes anormaux sur l’environnement, serait-il éventuellement possible d’une partie de l’évolution biologique ?

« Semi-vivants »

Disembodied Cuisine-01Quand on parle de la protection de la nature, il ne faudrait pas oublier la position de l’homme et des autres êtres vivants. Jens HAUSER a fait un exemple d’une installation performative « Disembodied Cuisine » sur le « semi-vivant » dans son écrit « Ani-mots dans l’art biotech’ : Déconstruire l’anthropocentrisme ».

Disembodied Cuisine-02La sculpture de «semi-vivantes» est une forme de vie artificielle qui est créée dans le laboratoire, elle est très fragile, incapable de se subvenir à elle-même, elle ne peut qu’être exposée dans le laboratoire de culture tissulaire. L’installation « Disembodied Cuisine » était un projet collectif des artistes australien « Tissue Culture and Art Project ». Dans l’exposition, des visiteurs étaient volontaires pour participer à ce projet dans l’espace de travail – mi-cuisine, mi-laboratoire – installé sous une bâche plastique étanche. Des grenouilles étaient mises au milieu de petites figurines de Vénus dans les deux aquariums à deux côtés de la table à manger. Les visiteurs ont dégusté le steak de grenouille qui était produit dans le laboratoire. C’était une viande « sans victime », les artistes utilisaient la culture tissulaire, les cellules de muscle squelettique de grenouille étaient cultivées sur un support de polymère biodégradable pour une consommation alimentaire.

Disembodied Cuisine-03Étant donné qu’il n’y a pas eu de « victime » dans cette exposition, pourrait-on dire que ce serait une solution pour « sauver » les animaux (ou les autres êtres vivants)? Le semi-vivant est né d’une partie du corps des êtres vivants, même s’il n’est pas une forme de vie complète, mais, ce serait aussi « vivant » ? Comment pourrait-on définir la « vie » ? Par ailleurs, qu’est-ce que c’est la « victime » ?

Conclusion

On retourne au point originel, une fois que l’on dit « la protection de la nature », on indique éventuellement déjà la position de l’homme qui est supérieur que les autres êtres vivants ? L’homme a toujours les moyens pour intervenir dans la vie ou l’environnement des autres êtres vivants ? De nos jours, on ne pourrait peut-être pas encore voir ce qui est la vraie « victime », néanmoins, comment pourrait-on faire pour garder l’équilibre entre le développe de la vie humaine et l’environnement naturel ? Comment respecter les autres êtres vivants, ainsi que notre planète ?

Deux études sur les Distorsions d’André Kertész

André Kertész, photographe, naît en Hongrie en 1894, il est naturalisé américain après s’être installé à New-York. Son œuvre est d’abord un témoignage de la Grande Guerre avec des photographies réalisées lorsqu’il sert dans l’armée Austro-Hongroise. Puis ayant décidé de devenir photographe, ses tirages prennent la forme de portraits ou de reportages.

 

Capture d’écran 2014-04-01 à 14.50.46Les deux études de Frédéric Lambert (sémiologue) et Jean-Pierre Esquenazi (universitaire) se concentrent sur sa série des Distorsions. Il s’agit d’une production de photographies de nus féminins distordus. Deux modèles nus (Nadia Kasine et Najinskaya Verackhatz) sont photographiés avec leurs reflets pris à travers une combinaison de miroirs de fêtes foraines, aux ondulations concaves et convexes, provoquant la distorsion.

L’approche des deux auteurs, en ce qui concerne les Distorsions, diffère.

  Lire la suite