Le Cyborg : point de ralliement des féministes ?

Donna Haraway, Image tirée du documentaire de Fabrizio Terranova, « Donna Haraway: Storytelling for Earthly Survival », 2016

Donna Haraway, née en 1944 à Denver dans le Colorado est professeure émérite au département de sciences humaines de l’université de Californie à Santa Cruz, où elle était titulaire de la chaire d’histoire de la conscience et des études féministes. Elle s’est notamment intéressée à la différence entre les observations faites par des femmes primatologues et les théories édifiées par des hommes primatologues. 

Pionnière dans l’analyse féministe des techniques, elle rend compte de la multiplicité des enjeux économiques, culturels et sociaux en cours à l’ère digitale et saisit les formes contemporaines du développement capitaliste lié aux innovations biotechnologiques. Ses travaux ont inspiré toute une génération de chercheuses et activistes sur le cyberféminisme puisque c’est en 1985 que Donna Haraway publie le Manifeste Cyborg

C’est à cette période qu’un tournant important dans l’histoire du féminisme américain fait émerger des sous groupes de féministes, qui dénoncent le fait de catégoriser la femme, sans représentation, sous le couvert d’un féminisme blanc. Dans son Manifeste, Donna Haraway tente de répondre à ces nouveaux enjeux et de trouver un nouveau point de ralliement pour les féministes. Elle joue avec les figures fantastiques pour ensuite faire des expériences de pensée en utilisant la métaphore du cyborg – créature entre le naturel et l’artificiel – et élabore une réflexion sur le féminisme et le corps des femmes. 

Donna Haraway. Manifeste cyborg et autres essais : Sciences – Fictions – Féminismes, Paris, éditions Exils, 2007

Elle cite « le cyborg est un organisme cybernétique, un hybride de machine et d’organisme vivant, une créature de la réalité sociale aussi bien qu’une créature imaginaire » c’est en fait une figure rhétorique qui nous permet de penser notre réalité, et celui d’un monde post genre. Le cyborg est un couplage intégré d’organisme et de machine. Elle indique que le concept de cyborg est un rejet de la rigidité des frontières, celles qui séparent l’humain de l’animal et l’humain de la machine. 

À travers cette métaphore, Donna Haraway montre que ce qui semble naturel tel que le corps humain ou encore nos attributs en tant que femmes ou hommes ne le sont pas et sont construits par nos idées. Le féminisme traditionnel considère que les hommes sont d’une nature et les femmes d’une autre nature, elle suggère que les féministes aillent au delà de ces pensées et soumet l’idée d’un monde post-genre. Le postgenrisme est un mouvement social politique et culturel dont les militants prônent la suppression du concept de genre au sein de l’espèce humaine. Les défenseurs de ce mouvement avancent que la présence des rôles de genre, les différentes physiques et psychologiques entre l’homme et la femme ne sont pas choisies et constituent une entrave à la liberté des individus. La stratégie de Donna Haraway est de brouiller les identités et de penser à une société libérée des catégories de genre. Avec le cyborg, elle permet d’envisager le féminisme comme un code social cybernétique. 

Le Manifeste Cyborg propose une orientation féministe pour l’avenir : l’utopie d’un monde post-genre où ces rapports seraient subversifs par le trouble que sèment les nouvelles technologies dans les distinctions occidentales traditionnelles entre les duos de notions tels que naturel et artificiel, corps et esprit, physique et non physique, homme ou femme, animal ou non animal. 

Outre la montée en puissance du cyberféminisme, le Manifeste cyborg continue aussi à fournir de solides arguments contre les conceptions essentialisantes du genre, qui font du sexe biologique une composante immuable de l’identité. C’est la fin des mythes de l’origine puisque le cyborg n’en a pas. En affirmant qu’«être femme n’est pas un état en soi, mais que cela signifie appartenir à une catégorie hautement complexe, construite à partir de discours scientifiques sur le sexe et d’autres pratiques sociales tout à fait discutables», Donna Haraway rappelle que nos corps sont d’ores et déjà refaçonnés par la proximité avec la technologie. Par-là, elle confère aussi une légitimité politique à l’existence de ceux dont les enveloppes charnelles matérialisent des expériences sociales en dehors des normes de genre, comme les personnes transgenres, intersexes, ou non binaires.

Le cyborg est féministe oui, mais aussi pacifiste.

« Système DIY, Faire soi-même à l’ère du 2.0 » par Étienne Delprat

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Tout d’abord, pour comprendre le sujet, il faut déjà savoir de quoi on parle… Il faut donc nous demander : mais qu’est-ce que le Do It Yourself ?

Le DIY (« daille » ou « di-aille-ouaille » pour nos amis anglophones) est une appellation qui signifie littéralement « Faites-le vous-même » en anglais. Elle regroupe la plupart des activités visant à créer, par soi-même, des objets quotidiens, informatiques ou bien artistiques. On associe également à cette philosophie les activités permettant à chacun d’être acteur et pas seulement  consommateur. Par exemple les Fablabs, des ateliers mettant en commun des ressources et des gens autour d’un objectif ; ou bien les différentes manières de faire du recyclage. Ainsi, la création artisanale est une part importante du DIY en permettant à chacun de prendre en main les ressources disponible en se passant des systèmes de consommation classiques.

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« Traces photographiques, traces autobiographiques » Danièle Méaux et Jean-Bernard Vray

Danièle Méaux et Jean-Bernard Vray, Traces photographiques, traces autobiographiques. Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne (Jean Monnet),

Le présent ouvrage à été rédigé à la suite d’un colloque organisé à Amiens en 2003 durant lequel étaient présents nombreux artistes et auteurs sur la photographie. Ce livre qui laisse une trace écrite de ce colloque est composé exactement de la même manière que l’événement, à savoir que chacun des quatre chapitres :« la trace », « image et mise en récit », « photographies et vies intimes », « photographie et écriture autobiographique », reprend les différents actes du colloque.

Cliquez sur le lien pour avoir le programme complet du colloque!

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« La conquête de l’infini est dans la verticale »

Aby Warburg est né le 13 juin 1866 en Allemagne. Enfant d’une riche famille de banquiers juifs, il entre à l’Université de Bonn en 1866 pour y étudier l’art.
Il y consacrera sa vie.
Mort le 26 octobre 1929 à l’age de 63 ans, Aby Warburg sera connu à titre posthume comme un historien de l’Art (il se définira lui même comme historien des images et non pas de l’Art), précurseur de l’iconologie (étude des images dans une perspective sociale et historique en s’interrogeant sur les conditions de productions des dites images ainsi que le messages qu’elles véhiculent.).

Aby Warburg - 1900

Aby Warburg – 1900

En 1900, suite à un accord passé avec son frère Max, Aby Warburg entreprend l’acquisition de livres qui constitueront sa future bibliothèque (Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg, abrégée KBW).
D’une nature psychique fragile, il effectuera de nombreux séjours dans des cliniques neurologiques, pour finir diagnostiqué schizophrène et maniaco-dépressif par le psychiatre Ludwig Binswanger, exerçant au sanatorium de Kreuzlingen (Suisse).
Il quittera le sanatorium en 1924, considéré comme guéri et retrouvera sa bibliothèque dont l’historien d’Art Fritz Saxl avait la gestion durant son absence.

De 1925 à 1926, la KBW sera construite à coté de la maison familiale : Warburg y donnera des séminaires, dans la salle de lecture jusqu’en 1929.

C’est en 1926 qu’on peut dater le début du plus vaste projet de Warburg : Mnémosyne. La mort brutale de l’historien interrompra le projet. Pour finir, la pression et la menace qu’exercera la montée du nazisme en Allemagne feront déménager la KBW (bibliothèque, photothèque et archives) à Londres où elle demeure toujours.
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LA VIE SUR TERRE : Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes.

Cet essai de BaudouImagein De Bodinat publié en 1996 aux Editions de l’Encyclopédie des nuisances est un constat engagé mêlant poésie et philosophie pour décrire notre époque post-moderne où tout ne serai plus que flux et indifférence.

Alors que nous somme au terme d’un énième compte à rebours de prophétie apocalyptique à quelque jours du 21 Décembre 2012, ce livre dénote car il nous propose de penser en partant de ce postulat :et si la fin du monde avait déjà eu lieu ? Lire la suite